Economie

Le Maroc : quel chantier !

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 21 Mai 2012 à 00:03

Le Maroc se construit. Le pays a de la place pour la construction de biens immobiliers. Résultat : les projets immobiliers à destination des locaux, des Marocains de la diaspora et des Occidentaux fusent de tous les côtés. Les visiteurs du Salon immobilier marocain à Paris (SMAP), qui s'est tenu du 17 au 20 mai, au Parc des Expositions, à la Porte de Versailles de Paris, ont pu le constater.



Un stand du SMAP de Paris, vendredi 18 mai
Les visiteurs du SMAP ont pu se faire une idée des nombreux biens immobiliers proposés. Il faut dire que la concurrence est rude, car une centaine d’exposants étaient présents.

Mais tous les promoteurs immobiliers espèrent conclure des investissements, car le marché immobilier marocain ne souffre pas de la crise. En effet, ce marché est en pleine expansion. Les investisseurs étrangers continuent à y faire de bonnes affaires, même si les Marocains d´Espagne ont dû mal à y investir.

Pas assez de logements

« Le marché de l’immobilier marocain n’est pas encore arrivé à saturation », car il existe « un énorme déficit de logements dans ce pays », indique Karine Oriot, l’attachée de presse du Salon.

Face à la crise, le pays s’en sortirait même très bien. « La crise financière n’a pas touché les investissements au Maroc. Des chiffres le prouvent. Les institutions nationales et internationales l’ont annoncé. Par exemple, le Haut Commissariat au Plan du Maroc a annoncé que les investissements avaient connu une hausse en 2011. Sur le plan international, un cabinet anglais a déclaré que le marché se portait très bien au Maroc. Ni la crise financière, ni les événements du Printemps arabe n’ont touché le pays. Au contraire, il y a eu un regain des investissements », affirme-t-elle.

En effet, le marché de l´immobilier est en pleine croissance. Le cabinet d´expertise économique britannique Oxford Business Group notait dernièrement que « le secteur marocain de l’immobilier continue d’afficher une croissance stable, due en grande partie à la priorité accordée à l’habitat social : un secteur où l’offre est constamment déficitaire et qui promet un développement continu pour ces prochaines années ». Le cabinet rappelle également le potentiel de ce marché : en 2011, « le déficit en logements du pays était évalué à environ 608 000 unités ».

Pour pallier ce manque, les projets immobiliers sont en hausse et comme le pays est loin d´être saturé, les investissements immobiliers venus de l´étranger sont appréciés.

D´ailleurs, les touristes occidentaux sont chouchoutés par l´Etat pour qu´ils investissent dans le pays. De nombreuses opportunités d’achat immobiliers leurs sont proposées. Les notaires présents au SMAP notent d´ailleurs que, sur le plan touristique, « le pays a gagné ». En 2011, en pleines périodes de troubles en Tunisie et en Egypte, les touristes voulant aller dans ces pays se sont en effet rabattus sur le Maroc. Une aubaine pour le pays, qui peut dès lors convaincre davantage de touristes d´acheter un bien immobilier.

Du logement social au grand standing

Le dynamisme de ce marché immobilier attire de plus en plus ces touristes occidentaux. Le marché étant jeune, les prix restent « attractifs ».« Les retraités français sont de plus en plus nombreux à être attirés  par le Maroc » note d’ailleurs Karine Oriot. En 2011, 20,1 % d’Européens s’étaient rendus au Salon contre 14 % en 2010, rappellent les organisateurs du SMAP.
Le reste du public est composé des Français d’origine marocaine.Tous veulent leur résidence secondaire. Les uns pour le soleil, les autres pour rester près de la famille.

« Tous les âges, toutes les bourses et catégories socioprofessionnelles » souhaitent ainsi investir au Maroc. Au stand de Bina Gestion, on propose des logements sociaux à partir de 25 000 €. Plus loin, au stand du Consortium maroco-koweitien de développement, les prix grimpent. On propose du « grand standing » à des clients « très aisés » dans des villes comme Casablanca.

Par ailleurs, certaines villes renaissent comme Agadir ou Fès. Au Maroc, chacun peut donc espérer trouver la perle rare, selon son budget. Dans ce pays en construction, la majorité des projets mis en vente est proposée sur plan.

Les Marocains d´Espagne en difficulté pour acheter

Le dynamisme du marché de l´immobilier marocain devrait de poursuivre. Dans son point de conjoncture d’avril 2012, le Haut Commissariat au Plan du Maroc prévoit des progressions annuelles de la valeur ajoutée du BTP de 6 % et 6,5 %, respectivement pour les premier et deuxième trimestres 2012. Il rappelle qu’en 2011 la hausse des investissements dans ce secteur avaient pu être réalisés grâce à une progression annuelle de 37 % de la production du logement social, conjuguée à une hausse de 26 % des unités mises en chantier.

En outre, Mohamed-Nabil Benabdallah, le ministre marocain de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville ,souligne que « ce secteur est porteur et continuera certainement à l’être parce que notre population sera de plus en plus urbaine et que nos besoins en logement seront, encore durant plusieurs années, importants ». Reste à savoir pour combien d´années. « Je donne 5 ans à ce marché avant qu´il ne soit saturé », estime une professionnelle présente sur le SMAP.

Pour l´heure, du côté des investissements étrangers, l´optimisme reste de rigueur. Au SMAP de Paris, organisateurs comme promoteurs ont affiché leur « confiance », malgré la crise économique.

L´an dernier, sur près de 45 300 visiteurs, le salon avait permis à près de 9 000 investisseurs français de concrétiser leur désir d´investissement au Maroc. Mais il se murmure que le bilan du SMAP de Barcelone, qui s´est tenu en décembre 2011, serait beaucoup plus mitigé. Le site économique marocain, LesEchos.ma le confirme : « Même si on dénote un bon nombre de dossiers présentés, notamment auprès des groupes bancaires représentés lors de cette manifestation, tous n’ont pas pu totalement satisfaire les demandeurs, en raison principalement des risques jugés trop élevés pour des Marocains résidant à l´étranger, dont la situation salariale reste très dépendante d’un marché de l’emploi dans une Espagne en pleine crise », révèle le site.

Après Paris, le SMAP fera étape à Milan, à Abu Dhabi, à Bruxelles et à Amsterdam, pour promouvoir les nombreux projets immobiliers d'un Maroc en plein chantier.